Nous continuous la découverte des premiers pas de notre illustre club URUNANI BBC avec l’un des piliers de la toute première équipe du club, en l’occurence Déo Ndikumana alias Fougerolle. De par leur détermination, Fougerolle et ses coéquipiers de la première heure ont tout de suite symbolisé notre devise “ISHAKA”.
Quelle est ta situation actuelle ?
Je suis actuellement Coordonnateur de l’Appui de la Banque Mondiale au programme d’intégration économique régionale en Afrique Australe et Orientale, poste que j’occupe depuis 5 ans. Je suis basé à Pretoria en Afrique du Sud depuis le 1 juillet 2018, après un séjour de 2 ans à Kinshasa au même poste. Avant de venir à Kinshasa, j’ai passé 3 ans en Haïti où j’étais en charge des opérations de la Banque Mondiale pour appuyer la reconstruction du pays après le tremblement de terre du 12 janvier 2010 qui a emporté environ 250 000 vies humaines, fait plus de 300 000 blessés et occasionné des dégâts matériels estimés à l’époque entre 7,8 et 8,5 milliards de dollars. J’ai passé toute ma vie professionnelle à la Banque Mondiale à partir de mars 1992, date de la fin de mes études au Canada, en tant qu’économiste au bureau de la Banque Mondiale à Bujumbura où je m’occupais du programme de réforme des entreprises publiques et de la première réforme de la filière café pour introduire la libéralisation de la filière, de la production à la commercialisation du café en passant par la transformation de la cerise au café torréfié.
Côté famille, j’ai 3 enfants qui sont encore aux études au Canada et au Rwanda dont un garçon de 24 ans et 2 filles âgées de 23 ans et 16 ans. J’ai essayé en vain d’intéresser le garçon au Basket. C’est un mordu de football et supporte entièrement Liverpool depuis qu’il a 7 ans. Par contre, ma fille cadette s’intéresse au Basketball et joue dans l’équipe de son école à International School of Kigali in Rwanda (ISKR).
Quel est ton parcours au sein du Club ?
Je suis parmi les 5 joueurs titulaires de l’équipe de base qui a joué le premier match du club dans la division B. Les 4 autres étaient Bosco, Jean-Paul alias USA, Joseph alias Tigana et Kirigenda Jean. Nous avons terminé premier du championnat avec le maximum de points et avons été promus pour jouer dans la division A.
L’arrivée d’Urunani dans la division A, composée entièrement de ressortissants de Bwiza qui n’avaient pas fréquenté l’Université du Burundi et dont la plupart jouaient au football, a complètement changé la dynamique du basketball au Burundi qui était considéré comme le sport de l’élite intellectuelle. Notre arrivée a permis de mettre plus de piquant dans le championnat qui était dominé par Muzinga, Dynamo, les Foudres et Kiriri. Dès nos premiers matchs dans la division A, Urunani donnait du fil à retordre à ces 4 équipes établies depuis plusieurs années.
C’est Urunani qui a introduit le système de défense homme à homme sur le demi-terrain et sur tout le terrain par la suite quand notre effectif a augmenté. Mon rôle dans ce système de défense était de garder le meilleur marqueur de l’équipe adverse et de ne lui donner aucun espace pour respirer et le démoraliser. La défense était ma plus grande contribution car je n’étais pas très adroit aux tirs. Ma performance comme défenseur m’a valu le sobriquet de “Fougerolle” qui m’a été donné par un certain Zararaye, plus connu dans le milieu du football en tant que membre sympathisant et encadreur de l’équipe Prince Louis, qui soutenait Dynamo. Ce surnom est en référence aux grands engins d’une entreprise française qui construisait des routes à cette époque dont le nom était Fougerolle.
J’ai joué dans l’équipe Urunani jusqu’en Septembre 1984, date à laquelle j’ai quitté le Burundi pour poursuivre mes études universitaires à l’Ecole des Hautes Etudes de Montréal.
Quel est ton meilleur souvenir en tant que joueur ?
Mon meilleur souvenir c’est un match livré contre Muzinga en Avril 1984 vers la fin du championnat de l’Association de Basketball de Bujumbura. Muzinga était à égalité de points avec Dynamo et c’était son dernier match du championnat. Si Muzinga gagnait ce match, il remportait la coupe sinon il devait jouer un match de barrage contre Dynamo. Dynamo comptait sur la victoire d’Urunani pour avoir un match de barrage contre Muzinga. La semaine précédant le match, son coach, en la personne du Ministre Nyaboya Isidore, est même venu à notre terrain d’entrainement (le Centre de Formation Artisanale de Jabe) pour nous donner des conseils sur comment mieux organiser la défense. Il m’a personnellement conseillé de faire une défense homme à homme très serrée sur tout le terrain contre feu Elie, qui était le meneur de jeu de Muzinga, pour ne lui donner aucun répit pour organiser le jeu et USA faire la même chose contre Kirenge. A la fin de ce match que nous avons gagné, Monsieur Nyaboya m’a félicité pour la victoire et m’a demandé ce qu’il pouvait faire pour me faire plaisir. Je venais de terminer une année d’enseignement à l’Ecole Normale d’Etat après avoir eu un diplôme D7 à la même école et je devais commencer les études universitaires. Alors je lui ai dit qu’une bourse d’études à l’étranger pour faire des études en médecine me ferait grandement plaisir. Ce jour-là, il m’a dit je prends note. Au début du mois d’août de la même année, nous sommes allés à Kigali pour livrer un match amical avec l’équipe Espoir du Rwanda. Après le match, un de nos encadreurs m’a dit que le Ministre Nyaboya voudrait que j’aille le voir à son bureau le lendemain de notre retour de Kigali. Un lundi matin je me suis présenté dans la salle d’attente à son bureau avant l’heure de salut du drapeau. Quand il est arrivé, il m’a directement demandé de le suivre et m’a demandé d’aller au Ministère de l’Education déposer mon dossier scolaire pour une bourse d’études au Canada à Montréal. C’est mon meilleur souvenir en tant que joueur d’Urunani car cette occasion je ne l’aurais pas eue sans ce match.
Quelle place occupe encore le basketball dans ta vie aujourd’hui ?
Malheureusement, les nombreux déplacements que j’ai eu dans le cadre de ma vie professionnelle ne m’ont pas permis de continuer à m’impliquer dans le basket. La dernière fois que le basket a pris une part importante dans ma vie, c’est quand je travaillais à Bangui en République Centrafricaine, qui est un pays du Basket, de 1998 à 2001. Avec une des stars du Basket Centrafricain des années 70, un certain Monsieur Gabor, nous avons créé une équipe junior de Basket dans un des quartiers défavorisés de Bangui (PK5) où beaucoup d’enfants abandonnaient l’école secondaire. Notre objectif c’était de les encadrer et les encourager à rester à l’école tout en jouant au basket pendant leur temps libre au lieu de rester dans les rues à ne rien faire. Sinon pour le moment, je suis le basket américain mais sans beaucoup d’engouement. Aussi je continue à suivre Urunani à travers mon neveu (Richard Wandege) qui est très impliqué dans la vie du club en tant qu’animateur du fan club depuis plusieurs années. Pour la petite histoire, Richard dit souvent que toute la famille est Urunani à commencer par sa grand-mère (ma mère) qui malheureusement n’est plus, son père, tous ses oncles et tantes.
Quels conseils pourrais-tu donner aux joueurs d’aujourd’hui et/ou aux basketteurs en herbe ?
Les sportifs et athlètes les plus performants ont souvent les traits de caractère suivants qu’il faut cultiver dès le bas âge :
- Motivation : les athlètes de haut niveau sont motivés par le désir d’être meilleurs que leur adversaire et même meilleurs que leur record personnel. Ils seront patients et persévérants lorsqu’ils travailleront sur leurs compétences et se concentreront sur leurs objectifs.
- Confiance en soi : un bon joueur doit avoir confiance en lui et il doit croire vraiment qu’il va gagner. Il doit avoir également la confiance nécessaire pour faire face à toute situation imprévue qui pourrait survenir.
- Auto-discipline : le succès ne vient pas du jour au lendemain. Il faut y travailler, être régulier dans les entraînements pour travailler son physique et l’endurance. Il faut aimer ce que l’on fait.
- Optimisme : un joueur qui n’a pas une attitude optimiste n’excellera probablement pas complètement parce qu’il ne s’attend pas à gagner. Un joueur doit croire qu’il va gagner et rester positif même face à l’adversité.
- Acceptation de la critique et humilité : Comment peut-on s’améliorer si on n’est pas disposé à accepter une critique constructive ? Les bons joueurs comprennent qu’il est important de rester coachable tout en acceptant et en apprenant de ses erreurs. Il faut également être ouvert aux conseils des coéquipiers et des encadreurs qui renforcent l’esprit d’équipe et les valeurs fondamentales qui font la marque de notre équipe : Urunani Runama Rimwe.
“Acceptation de la critique et humilité : Comment peut-on s’améliorer si on n’est pas disposé à accepter une critique constructive ? Les bons joueurs comprennent qu’il est important de rester coachable tout en acceptant et en apprenant de ses erreurs. Il faut également être ouvert aux conseils des coéquipiers et des encadreurs qui renforcent l’esprit d’équipe et les valeurs fondamentales qui font la marque de notre équipe : Urunani Runama Rimwe.”
Ikintu gikomeye cane.